Houari Ouali, footballeur algérien né en septembre 1954 à Saint-Chamond et décédé en 2010, a marqué les esprits de tous ceux qui l’ont vu évoluer sur un terrain entre les années 1970 et 1990. Aujourd’hui, Ryad Ouali, son neveu, publie Houari Ouali, un roi sans couronne, un ouvrage dans lequel il rend hommage à la carrière et au talent de ce « magicien du football ».

« Un jeu adroit, clairvoyant, élégant et inspiré d’Ouali ». « Ce soir-là, tout ce qu’il fit dans la moindre de ses actions sentait la classe ». « Sur le terrain, il a un peu l’allure et la magistrale technique de son compatriote Mekhloufi ».

Des extraits de coupures de presse dithyrambiques au sujet de Houari Ouali, Ryad en a compilé plusieurs dans son ouvrage. Pourtant, la carrière de ce joueur reste méconnue : « Depuis tout petit, j’entends des bribes d’anecdotes sur les exploits de mon oncle, mais son histoire n’a jamais été écrite », explique Ryad.

Un talent vite repéré par l’ASSE

Le parcours de Houari Ouali débute sur les terrains de l’Union sportive de L’Horme. En 1970, à seulement 15 ans, il intègre l’équipe cadets de l’AS Saint-Étienne avant de rejoindre son centre de formation. Deux ans plus tard, il accède à l’équipe espoir (réserve professionnelle) évoluant en 3ᵉ division.

Là, il côtoie de futures légendes du club, telles que Rocheteau, Larqué, Janvion ou Christian Repellini. Et son talent ne passe pas inaperçu. Roger Rocher et Robert Herbin souhaitent le voir intégrer l’effectif de première division.

Mais la loi des quotas, limitant à deux le nombre de joueurs étrangers par équipe, est encore en vigueur. Or, deux joueurs incontournables occupent déjà ces places : Oswaldo Piazza et Ivan Ćurković.

Une carrière entre la France et l’Algérie

Pour intégrer l’équipe première, Houari Ouali doit ainsi opter pour la nationalité française, une condition qu’il refuse d’accepter. Le joueur s’envole alors pour l’Algérie où son talent éclate aussi bien en championnat de première division qu’en équipe nationale, civile et militaire. Il devient ainsi le premier international algérien natif de France.

Son choix lui fermera cependant les portes de l’élite du football français. De retour dans l’Hexagone, Houari évolue dans plusieurs clubs de deuxième division : l’ESDM Montluçon, le Paris FC et l’AS Libourne. Il termine finalement sa carrière en 1986, en troisième division, sous les couleurs du SO Châtellerault.

Un long travail de recherche

Pour retracer le fil de cette riche carrière, des deux côtés de la Méditerranée, un an de travail et de recherches a été nécessaire. Ryad s’est plongé dans les archives municipales de Saint-Étienne, où il a dépouillé plus de 2 000 articles, puis dans les documents internes de l’ASSE.

Parallèlement, l’auteur a exploré les groupes Facebook spécialisés dans les archives du football français et algérien, et a pris contact avec d’anciens coéquipiers et amis du joueur.

Au fil de ses investigations, il a pu mesurer l’impact indéniable de Houari Ouali sur les amateurs de football : « On parle de lui comme d’un magicien du football, d’un pied gauche magique. On vante également la qualité de ses gestes techniques et de ses passes, dignes des plus grands numéros 10. »

L’auteur insiste sur le fait que tous les superlatifs employés dans ses écrits sont rigoureusement sourcés et vérifiés, « par souci d’objectivité ».

Ancrer l’histoire de Houari Ouali dans le patrimoine local

Ryad espère que son ouvrage, tiré pour l’instant à 100 exemplaires, trouvera une résonance dans la Loire, et plus particulièrement à Saint-Chamond.

« J’aimerais que cette histoire soit reconnue au même titre que celles d’autres personnalités sportives locales, comme Alain Prost ou Youcef Zenaf, l’ancien champion du monde de full-contact. »

Houari Ouali, un roi sans couronne, prendre contact par mail : ryad.ouali4286@gmail.com. Tarifs : 5 euros.

« J’ai essayé de comprendre la décision de mon oncle »

« Il ne sera jamais question pour moi, maintenant ou plus tard, de changer ma nationalité. Je suis algérien et resterai algérien. » Ces mots de Houari Ouali, repris par Ryad dans son ouvrage, proviennent d’un article publié dans le périodique ASSE Actualités le 13 avril 1973.

« J’ai essayé de comprendre et d’expliquer cette décision qui a profondément influencé l’avenir sportif de mon oncle », confie l’auteur. Pour cela, il s’est notamment appuyé sur les travaux du sociologue Abdelmalek Sayad et du socio-historien du sport Stanislas Frenkiel.

Une décision à replacer dans un contexte complexe

« Houari Ouali est né en France en 1954. Il a perdu la nationalité française à l’indépendance de l’Algérie, en 1962. Bien qu’il ait eu la possibilité de demander une réintégration, cette option n’était pas envisageable pour lui, comme pour de nombreux Algériens à cette époque », explique Ryad.

Pour ce dernier, ce choix va au-delà du football et s’inscrit dans un contexte historique et sociopolitique complexe : « Celui de la colonisation, de la guerre et de l’exil, avec leur cortège de souffrances. »

Ryad évoque également le «  mythe du retour  » pour éclairer cette décision : « Dans les années 60 et 70, beaucoup d’Algériens vivant en France pensaient qu’ils retourneraient un jour s’installer en Algérie. Pour cela, ils devaient conserver leur nationalité algérienne. »

Une conférence à la MJC de Saint-Chamond, le 16 février

Ryad animera une conférence pour présenter son ouvrage à tous ceux qui souhaitent découvrir ou rendre hommage à Houari Ouali. « Cet événement permettra peut-être de recueillir de nouveaux témoignages ou d’accéder à de nouvelles archives », espère Ryad, qui envisage déjà la possibilité d’écrire une suite à son livre. D’ici là, il compile toutes les informations concernant la vie de Houari Ouali sur un site internet accessible à tous.

Infos : https://houarioualiarchivesfootball.noblogs.org/

Crédit photo : En écrivant ce livre, Ryad Ouali souhaitait aussi effectuer un travail de mémoire familial : « Les petits-enfants de Houari ne l’ont jamais connu. Savoir qu’ils pourront découvrir l’histoire et la carrière de leur grand-père, ça me fait chaud au cœur. »  Photo Romain Gavidia

Source : Saint-Chamond. De l’ASSE à la sélection algérienne : qui était Houari Ouali, « ce magicien du football » ?