Vous êtes invité dans le cadre de « Vivre ensemble la République » par la MJC Nouveau Théâtre Beaulieu qui projette au Méliès deux de vos films. Que représente pour vous cette opération ?
« Le vivre ensemble, c’est primordial. D’ailleurs, j’espère que les deux communautés concernées par ces films, majeurs pour moi, vont venir voir l’un et l’autre. Dans le premier, Mayrig de Verneuil sorti en 1992, je joue le rôle d’un Arménien. Dans le second, Le grand voyage (2004) celui d’un turc.
Moi je suis né à Saint-Étienne mais mon père est né en Turquie en 1912. Je suis Arménien d’origine et ma mère a vécu 20 ans en Grèce. Un jour on m’a dit : “vous n’êtes pas Français”, j’étais vexé. Que répondre à cela ? Il y a urgence à vivre ensemble ».
« C’était un rêve de tourner avec Verneuil et de côtoyer des acteurs comme Omar Sharif et Claudia Cardinale »
Quels souvenirs avez-vous gardé du tournage de Mayrig ?
« C’était un rêve de tourner avec Verneuil et de côtoyer des acteurs comme Omar Sharif et Claudia Cardinale. À l’époque, j’avais encore ma boutique de vêtements, Madame L , à Saint-Étienne. Au départ, je pensais avoir un petit rôle puis Verneuil m’a proposé celui d’Apkar pour lequel Aznavour s’était désisté. De trois je suis passé à vingt-huit jours de tournage. Je me suis beaucoup impliqué, j’ai travaillé le scénario à fond. Je me suis immergé dans Marseille pour essayer de prendre l’accent marseillais des Arméniens. J’ai en mémoire la première du film à l’Opéra de Marseille : Mourousi était le maître de cérémonie. Verneuil nous a présenté les uns derrière les autres, j’étais le dernier appelé. Les gens ont applaudi longtemps, il y avait une émotion folle. »
Et pour le grand voyage d’Ismaël Ferroukhi ?
« Ce fut une belle expérience. On a tourné à Istanbul à Ankara. Le producteur était un fou furieux, il m’a fait passer la douane turque à Edirne avec une valise contenant l’argent en liquide de la coproduction. Je m’étais laissé pousser la barbe je passais pour un turc mais, sur mon passeport, il y avait mon nom arménien, c’était troublant pour moi. J’ai beaucoup défendu ce film. »
Quels sont vos projets cinématographiques ?
« Je viens de tourner deux jours à Paris dans la série les Sauvages pour Canal + : je joue le ministre de l’Intérieur. Je suis guest dans la série Platane d’Eric Judor, un artiste ami que j’ai mis en scène il y a fort longtemps. Enfin, j’ai écrit une pièce, il va y avoir une lecture au TNP. J’aimerais beaucoup la monter. »
Propos recueillis par Martine Goubatian
Source : https://c.leprogres.fr/zen/sortir/2019/03/14/dans-mayrig-j-ai-eu-le-role-que-devait-jouer-aznavour